Alessio Di Zio
avec Andrea Bellini
ANDREA BELLINI

Alessio, nous t’avons invité à la Biennale de l’Image en Mouvement afin de t’offrir l’opportunité de produire un nouveau film. Tu as décidé d’en faire deux avec l’enveloppe qui t’a été allouée. Tu as une capacité à réaliser des projets en très peu de temps et avec des ressources financières limitées. Je trouve cela très intéressant. Pour commencer cette conversation, j’aimerais justement évoquer ta méthode de travail et tes choix en matière de narration.

ALESSIO DI ZIO

Justement, il est rarement question de choix, car je ne me donne jamais comme principe de devoir absolument réaliser quelque chose. Je réalise les films que j’aimerais voir, selon mes envies. C’est une question de motivation.
La production et le tournage ne sont pas vraiment ma tasse de thé, soit je réponds à une sorte “d’urgence”, soit il n’y a rien…


AB :
J’aime ce concept d’urgence : l’absolument nécessaire, ou le rien. As-tu déjà tourné un film sans jamais le terminer ? Pourquoi le tournage ne te plaît pas ? Trouves-tu cela pénible ? N’est-ce pas au contraire un aboutissement de pouvoir filmer après avoir recherché pendant des années des fonds pour un film ?

ADZ : Non sincèrement, filmer ne me plaît pas, cela n’a rien de spécial à mes yeux et ne m’amuse pas. Mais ne sois pas étonné ! Cela fait partie du jeu.

AB : Tu es plus cinéaste qu’artiste visuel, mais tu fais partie des artistes invités à la Biennale de l’Image en Mouvement, un évènement hybride certes, mais historiquement dédié à des artistes visuels. Quel sens cela a-t-il pour toi ? Ces croisements interdisciplinaires t’intéressent-ils?

ADZ : Je ne réfléchis pas en termes de discipline ou de format. Je peine à identifier les caractéristiques propres à chaque champ. Je souhaite simplement partager ce que je fais avec un maximum de personnes, peu m’importe le contexte dans lequel cela se fait. Si vous m’avez invité, c’est que vous n’y attachez pas une grande importance non plus, c’est donc parfait!

AB : Cela nous importe en effet peu. Venons-en maintenant aux films que tu présenteras à Genève, je sais qu’ils ne sont pas achevés à l’heure actuelle, mais pourrais-tu nous éclairer sur ce qui t’a inspiré pour ces deux histoires ? Quels ont été les « nécessités » de ces deux films ?

ADZ : Mes « urgences » et exigences habituelles, rien de nouveau! Ce sont des films extrêmement instinctifs. Je n’aime pas m’exprimer verbalement et parfois, ce que je souhaite partager est parfois si étrange et inexplicable qu’il m’est plus simple de le montrer.

AB : Tu racontes souvent des récits mélancoliques, de personnalités singulières, qui auraient perdu toutes leurs illusions. Y a-t-il là une dimension autobiographique ? Enfant, t’es-tu déjà senti trahi par le monde adulte ? C’est aussi l’origine de ton film Le Favole di Casimiro (les fables de Casimir), n’est-ce pas ?

ADZ : Bien sûr, en fait, je suis systématiquement déçu. Le monde est une désillusion permanente, les adultes sont décevants et je ne les supporte pas!

AB : En parlant de fables, tes films semblent baigner dans une atmosphère magique. Quelles sont tes références cinématographiques ?

ADZ : Hayao Miyazaki!!

AB : Si tu obtenais le budget pour faire un long-métrage, quel genre de film réaliserais-tu ?

ADZ : Un bon film d’action!!!

 

[Traduit de l’italien par Natalie Esteve]